Howard Hugues, figure-spectacle

Contenu tiré d'un billet publié sur Linkedin le 19/01/2025

Le 18 janvier 2025, j’ai eu le plaisir d’être invitée sur le plateau de l’excellente émission INAttendu, diffusée sur France info.

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Les discours sur Musk et Trump envahissent l’actualité, dans une atmosphère où le sensationnalisme et l’hyperbole tendent à dominer. Dans ce contexte, je tente de modifier un peu la focale pour ne pas louper les angles morts.

À la fin de l’émission, l’INAttendu propose à l’invité de choisir un extrait d’archive : j’ai choisi un passage d'une des auditions d’Howard Hugues au Sénat en 1947, qui portait sur l’utilisation des fonds publics dans le cadre des contrats militaires accordés à la Hughes Aircraft Company pendant la Seconde Guerre mondiale. Ces contrats concernaient le Hercules H-4 qui n’a volé qu’une fois, après la guerre, et le F-11, un avion de reconnaissance.

Pourquoi évoquer Howard Hughes ? Parce qu’il incarne une figure comparable à celle d’Elon Musk à son époque. Héritier d’un empire industriel (son père fabriquait des forets pour l’extraction minière), il s’est rapproché des milieux politiques et a notamment soutenu financièrement et médiatiquement la campagne de Nixon. C’est une figure-spectacle vue par l’opinion public comme un visionnaire, qui investit en parallèle de son entreprise aéronautique dans la production cinématographique hollywoodienne. Après les auditions au Sénat, la Hughes Aircraft Company poursuit son essor dans les domaines de la défense et des communications … satellitaires. En 1948, l’État lui confit un important contrat dédié à la construction et installation des systèmes radars et de contrôle d’armement pour les avions. Plus tard, en 1963, l’entreprise construit le premier satellite de communication géostationnaire, suivi en 1966 du premier satellite météorologique géostationnaire.

Quel dénouement pour cette figure-spectacle qui a incarné l’excès de la société américaine de son temps ? À partir des années 1950, il commence à se retirer progressivement de la vie publique, rongé par des problèmes de santé mentale et physique amplifiés par une dépendance aux médicaments. Hughes vit reclus, dans un état de paranoïa permanente. Cette réclusion, combinée à son refus de soins médicaux, aggrave son état de santé et participe à sa fin, en 1976.

Howard Hugues, figure-spectacle